« Et on gagne quoi ? » : s’amuser n’est plus suffisant
- 24 janvier 2017
Faut-il faire gagner des goodies ?
Cette fois, c’est sûr, cette petite famille va s’éclater. Ils se sont approchés, attirés par la mise en scène, l’ambiance sonore, les sourires des passants qui s’arrêtent. L’animateur leur a expliqué le principe du jeu, il n’y a plus qu’à… jouer. Mais parfois, une petite phrase change tout : « Et on gagne quoi ? ». Décryptage de cette obsession à la mode : gagner des goodies.
Le contrat moral d’une animation semble être basique : animer. Mais l’évolution de la société et de nos pratiques de consommation a changé la donne.
S’amuser gratuitement, c’est dépassé ?
On peut s’interroger sur l’état d’esprit de cette flopée de « On gagne quoi ? ». Au moment de tenter sa chance à un jeu, on imagine qu’il faut se concentrer, convoquer son adresse, sa rapidité, sa force, ses connaissances, selon l’idée originale d’animation qui a été choisie… Ou juste se lâcher et s’amuser. Mais lui, à quoi pense-t-il vraiment ?
Hypothèses : « Oh, si on ne gagne rien, je vais m’économiser ». « S’il y a un lot, je vais me surpasser ». « Je suis bien gentil de faire marcher l’animation de cette marque/commune, il faut me récompenser ! »
Et si on leur répond par la négative, certains passent même leur chemin ! On aimerait voir les soirées « jeux de société » à la maison…
Gagner des goodies, c’est rentabiliser son moment
Il est assez facile de voir derrière cette question récurrente certains biais de l’époque. Cela va au-delà de la simple culture de la performance, qui impliquerait de simplement donner le meilleur de soi-même (et non de le marchander).
Matérialisme, phobie de « perdre son temps », analyse de l’animation commerciale sous le prisme d’une relation marchande… Différents mécanismes sont à l’œuvre, qui brouillent la pureté du « jeu », tel que le vit un jeune enfant. On est obligé de préciser « jeune », car beaucoup de pré-adolescents, notamment urbains, ont grandi avec une relative abondance de divertissements.
Mais impossible de résumer cette attitude à un âge ; il suffit de voir certains cadres en costume s’acharner à gagner un mini-ballon en mousse à 50 centimes d’euros.
Alors, on fait quoi ?
Chez Fast-Foot, on n’est pas vraiment torturé par la question : notre client choisit. Oui, au foot, on peut parfois dégager en touche… Mais on est obligé de le prévenir : son animation sportive peut générer des déçus s’il n’y a pas la moindre petite carotte en vue.
Comme dans toute problématique commerciale, le choix est assez clair. Ou bien on se plie à l’évolution d’une société, avec le seul but de donner satisfaction au consommateur. Soit on ne désespère pas « d’éduquer » le public, dans son intérêt, de lui faire renouer avec le plaisir du jeu. Idéalisme ou utopisme, chacun tranchera… Qu’en pensez-vous ?